samedi 17 janvier 2009

Leiris

“ Il est des conversations dans lesquelles il semblerait, vu leur contenu, que tout y a été dit, que rien n’a été omis de ce qui, en l’occasion, devait et pouvait être dit. Pourtant, il est fréquent qu’une telle conversation vous laisse sur votre soif : avide de communiquer, vous avez parlé avec toute la sincérité et toute l’intelligence dont vous étiez capable, votre interlocuteur faisant preuve, en retour, d’autant d’intelligence et de sincérité que celles qui marquaient vos propos ; cependant il ne s’est rien passé, rien n’a passé, vous-mêmes et vraisemblablement l’autre vous restez chacun sur votre quant-à-soi, même si vous étiez où êtes tombés pleinement d’accord. Qu’a-t-il donc manqué pour que l’étincelle jaillisse et unisse les deux pôles ? Peut-être est-ce le ton, l’accent, la modulation, ainsi que le menu geste ou le quasi imperceptible jeu de physionomie, bref un impondérable pesant plus que le poids du discours, peut-être est-ce cela qui, jusque dans la conversation la plus banale, peut faire sentir la connivence… Communiquer n’est pas un troc (affaire d’échange ou de donnant-donnant), mais se trouver au même diapason et avoir l’un sur l’autre – fût-ce en l’absence de tout grave débat ou de toute confidence digne de mémoire – un effet d’intime résonance. »

Michel Leiris, Le ruban au cou d'Olympia, 1981, p. 178.

Je crois qu'il en va de même pour la photographie. Certaines sont belles, parfaitement composées mais (chez Cartier-Bresson, assez souvent après 1950) ... Alors que d'autres, peut-être moins "belles", ont ce petit quelque chose qui crée "l'intime résonance" (Plossu, typiquement, pour moi).

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