« Le photographe ne documente rien. Il interprète ou impose un regard sur la chose et la réinvente. En fractionnant l’espace et le temps, il brouille les pistes. L’objectivité, la neutralité, la distance, le réalisme sont autant de visions extrêmes qui pervertissent la réalité d’un événement. L’instant où j’appuie sur le déclencheur n’est pas un instant de vérité, c’est l’instant d’une création en rapport avec mon imaginaire. Je crée une fiction à partir d’une matière qui est une situation vécue consciemment ou inconsciemment. Cette transposition produit du mensonge mais elle permet à une autre réalité de s’exprimer. Ma réalité est photographique, elle est faite de fragments qui, mis bout à bout, racontent une histoire biaisée au regard de celle dont ils sont extraits. Et cette histoire ne peut être qu’authentique. »
Antoine d’Agata, in Le désir du monde,
entretiens avec Christine Delory-Momberger,
éditions Téraèdre, 2008, p. 61
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire